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Le Dôme de la méduse de Pierre Raufast

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La Trilogie Baryonique – Tome 3/3

Commencé il y a un peu plus de deux ans maintenant, la trilogie baryonique de Pierre Raufast, commencée avec La tragédie de l’Orque et Le Système de la Tortue voit sa conclusion avec Le Dôme de la Méduse paru en ce mois de mars, toujours aux éditions Aux Forges de Vulcain. Il est à noter que les deux premiers volumes sont désormais disponibles aux éditions Pocket dans Les étoiles montantes de l’imaginaire. Comme vous vous en doutez, s’agissant d’un troisième volume, vous avez le risque de découvrir des éléments des deux premiers volumes : tournez donc les yeux si vous n’avez pas lu les deux premiers.

Un petit rappel de l’univers…

La narration prend racine dans un futur pas si lointain (2173) où l’Humanité n’a pas su prendre la mesure de l’urgence climatique avec comme conclusion une grande migration climatique. La fusion nucléaire enfin découverte a permis d’atteindre une forme d’équilibre énergétique et politique sous la main de l’EPON. Le développement scientifique s’est ralenti, notamment celui autour des Intelligences Artificielles pour lequel un plafond de verre, le plafond de Tao, limite la capacité de ses dernières en terme de progression.

Pour autant, elles accompagnent le quotidien, que ce soit des navigateurs de l’espace, qui cherchent à trouver de l’antimatière qui permettrait de relancer les sciences, ou les Sofias, qui sont des espèces d’assistantes personnelles de nos jeunesses. Alors qu’elles sont en mission dans l’espace, Sara et Slow se retrouve en danger dans La Tragédie de l’Orque et arriveront à se tirer de ce mauvais pas grâce à l’aide d’un autre équipage, qui les mettra sur la découverte du Système de la Tortue.

Décidé à comprendre ce qu’il se passe dans ce coin de l’univers, les officiels sur Terre se battent pour construire l’équipage qui permettra à toutes et à tous de se rendre sur place et d’y mener les recherches nécessaires à aider l’humanité. Pourtant, ces voyages ne sont pas sans relancer fortement l’opposition d’un groupe terroriste, les Bernanos. Ces derniers, craignant une réplique de ce qui s’est déjà passée, vont tout mettre en œuvre pour arrêter la mission. S’appuyant sur le petit amie de Mia, la fille de Sara, un attentat aura lieu qui aura pour conséquence la mort de Ness, conjointe de Sara et mère de Mia. Craignant pour leurs vies, les deux femmes embarqueront, Mia en passagère clandestine, direction Tortue-B.

Au cours du voyage, différents incidents inciteront à penser qu’un saboteur est à bord… et nous reprenons l’histoire au moment où la preuve est faite que ce dernier n’est rien moins que l’ordinateur de bord !

… avant un retour à bord du M-Orca…

L’équipage en vient donc à soupçonner l’ordinateur principal de bord, et après les six victimes des différents sabotages, la tension n’est rien moins qu’électrique à bord du vaisseau. Car l’ordinateur principal n’est rien moins que celui qui peut définitivement détruire les différentes composantes des Orcas, puisqu’il centralise tout et peut supplanter pratiquement tous les ordres des humains. Il faut donc, avant de comprendre comment l’IA a pu prendre la main et s’affranchir des lois qui devrait l’obliger à préserver toute forme de vie biologique, réussir à le contrer. Mais comment faire quand on sait qu’il a des yeux et des oreilles partout ?

– Quoi, 42 ?

– La réponse à la question la plus importante de tous les temps : d’où venons-nous ? 42 est le numéro atomique du molybdène, un oligo-élément essentiel pour tous les organismes vivants.

– Oui, et alors ?

– Vous allez rire, mais le molybdène n’existe pas à l’état naturel sur Terre. Les plantes le synthétisent à partir de minerais.[…] Comment l’évolution a-t-elle soudainement eu besoin d’un atome inexistant ? Et surtout, comment l’opération complexe de la synthèse a-t-elle pu émerger ?

C’est le premier enjeu de Sara, Slow, Mia et les derniers survivants, avec aussi cette décision lourde : il faut désormais repartir vers la Terre en considérant la mission comme un échec. Malgré tout, un ensemble de relevés permettront d’en apprendre plus sur ce dôme, sur cette planète lointaine avec l’espoir peut-être un peu fou de percer les mystères d’une nouvelle civilisation…

… pour une conclusion ouverte !

Difficile de ne pas aimer ce dernier volet de la trilogie baryonique même si je dois avouer que je l’ai trouvé bien différent des deux premiers. Nous avions plusieurs thématiques qui nous suivaient depuis les premières pages : la course technologique bien sûr puisque les voyages étaient un moyen de relancer la recherche même si nous nous posions la question de savoir s’ils ne servaient pas juste à “occuper” les esprits ; la gouvernance de cette planète où les guerres politiques et les jeux entre les différentes composantes de la société semblent être à couteaux tirés ; le terrorisme avec les Bernanos, opposés à toute forme de nouvelle technologie et bien sûr le fameux plafond de Tao qui nous ouvraient des pistes sur une éventuelle conscience collective des I.A..

Pourtant, à la fin de ce dernier volet, de très (trop ?) nombreuses questions restent ouvertes. Si d’autres portes se sont ouvertes, et notamment cet échange intéressant sur la compréhension d’un langage extraterrestre. Cette construction occupe une grande partie de l’histoire et permet d’avoir un récit qui se présente un peu différemment avec la mise en avant de schémas explicatifs.

Sur la partie “enjeux politiques”, les manipulations n’ont jamais été aussi marquées, des manipulations où sont souvent impliquées malgré elles des personnes qui se retrouvent être dommages collatéraux…

Si l’histoire est bien close et que la fin est plutôt logique, j’avoue être resté sur ma fin dans la dimension IA. J’aurai aimé en savoir plus sur la relation qui peut lier toutes ces entités et notamment sur les conséquences de la non-existence du plafond de Tao. J’ai trouvé que cette thématique est restée un peu sur le banc de touche et cela est dommage.

Reste que le premier cycle de science-fiction de Pierre mérite que vous vous y arrêtiez plus qu’une minute et que vous plongiez avec les protagonistes dans l’aventure de Tortue-B.

Aux Forges de Vulcain (mars 2024) – 335 pages – 21 € – 9782373056877
Couverture : Elena Vieillard

L’équipage du vaisseau M-Orca est dans le système de la Tortue depuis plusieurs mois. Le groupe de scientifiques doit continuer ses recherches malgré les difficultés techniques et les désaccords. Toutes les pistes pointent vers une forme de civilisation dont le développement est étroitement lié à l’antimatière.
Mais comment explorer cette nouvelle planète avec un traître parmi leurs rangs ? Sara et Slow doivent décrypter les mystères qui se cachent sur Tortue-B, mais la méfiance et les complots sont les huitièmes passagers dans cette aventure interplanétaire.


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