Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Interview de Michèle Astrud

Durant le festival Imajn’ère, j’ai pu rencontrer Michèle Astrud dont la parution Simplement Immortels date du début de l’année aux éditions Aux Forges de Vulcain.

L’occasion d’échanger avec l’autrice sur les thématiques du roman !

Vous pouvez aussi retrouver l’interview sur Spotify

Et pour ceux et celles qui préfèrent, la retranscription !

Bonjour Michèle.

Bonjour.

Donc juste pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter ? Parce que tu as ton quatrième roman déjà, si je ne dis pas de bêtises.

Oui, alors c’est mon quatrième roman aux forges, mais j’ai écrit plus de romans que ça. Je m’appelle Michèle Astrud, ça fait très longtemps que j’écris. Je suis publiée depuis 20 ans. En fait, j’ai commencé en étant auto-éditée. J’ai fait quatre livres auto-édités, ce qui m’a permis de me faire un petit peu connaître sur la région bretonne. Après, j’ai fait deux livres avec les éditions Diabase. Et depuis, ça fait, je crois que c’est mon quatrième, je ne sais plus, cinquième livre aux Forges et Vulcains.

Et pourquoi les Forges ?

Les Forges, lorsque je me suis séparée de mon éditeur qui s’appelait Diabase, j’ai cherché un autre éditeur. Ce n’est pas facile parce que je ne connais personne dans le domaine de la littérature. Donc, j’ai envoyé mon livre par la poste et j’avais vu une interview de David Meulemans qui parlait de la rentrée littéraire, qui avait une plume, c’était drôle, assez acérée sur la rentrée littéraire, donc je lui avais envoyé mon livre. Et je crois, David m’avait dit que je suis le seul auteur qu’ils aient publié après avoir reçu un livre manuscrit par La Poste.

D’accord, c’est une belle histoire.

Oui, c’est une belle histoire. J’en suis vraiment reconnaissante parce que pour moi, c’était vraiment le début d’une belle aventure.

Et là, Simplement Immortels vient de paraître. Dans Simplement Immortels, on est dans une société qui est très militarisée, très policée. Finalement, on a très peu d’informations sur cette société et comment elle est devenue, cette société. Est-ce que tu peux nous en parler un peu ?

Oui, je raconte la vision des petites gens. Enfin, ce ne sont pas des si petites gens que ça, puisqu’ils ont quand même un métier important. La jeune femme a un métier important. Mais oui, j’ai voulu volontairement laisser dans le flou. Alors, on sait qu’il y a des privilégiés. On sait qu’il y a des guerres. On sait qu’on est en expansion perpétuelle. On devine derrière les murs qu’il y a une part de la société qui est qui vit dans des conditions précaires, mais oui, j’ai laissé ça volontairement dans une sorte de flou. Après, il y a beaucoup de livres qui décrivent ça, donc je ne voulais pas revenir là-dessus, c’était des choses pour moi un peu connues, un peu classiques, et j’ai voulu raconter au sein de ce genre de société qu’on connaît bien dans la science-fiction, la vie d’un couple.

Et malgré tout, avant de parler du couple en lui-même, on sent que le meilleur moyen de la société d’opprimer ces petites gens, ces réfractaires, c’est de les mettre en périphérie, de les exclure du centre-ville.

Oui, bien sûr, c’est de scinder. Ceux qui ont des responsabilités, ceux qui acceptent de jouer le rôle, ont une vie confortable, facile. Ils ont des voyages, c’est assez agréable. Et les autres, oui, sont exclus, sont à l’extérieur. Comme ça peut arriver dans certains pays, c’est quelque chose qui commence déjà à se mettre en place, donc je n’ai rien inventé.

Et Simplement Immortels est centré finalement sur un couple, un couple qui se connaît depuis les études, avec un choix qui est un peu l’inverse de ce qu’on voit habituellement pour une carrière militaire, c’est-à-dire que l’homme cède sa place à sa femme. Tu voulais avoir un acte militant pour ça ?

Oui, il y a deux actes militants actuellement, c’est défendre l’écologie ou la sauvegarde de la planète. Alors dans ce livre-là, on n’en parle pas beaucoup, mais ce sera l’objet de livres futurs. Et puis effectivement, l’aspect féministe me paraît indispensable. Pour la petite histoire, j’avais commencé une première version où c’était l’inverse, ce qui était complètement ridicule. Et j’ai évidemment changé, je me suis rendue compte très vite que ce n’était pas une bonne idée. Et c’est très facile à changer, il suffit de rajouter des « e », mais ça modifie quand même complètement la vision des choses. C’est ça qui est triste en fait, parce qu’on ne lit pas les choses de la même façon en fait, si c’est une femme ou si c’est un homme, alors qu’au niveau grammatical, c’est tout bête à faire.

Et pourtant, le début du livre, on est plutôt sur la vision de celui qui est resté sur Terre.

Oui, donc le livre, ce sont les deux voix, Donc c’est le mari qui reste sur terre, qui décrit sa vie d’expatrié, enfin oui, non pas d’expatrié, mais d’homme au foyer, très confortable. Et après c’est la femme. Alors oui, forcément, puisque la femme n’est pas là, c’est l’homme. Et puis après, vis-à-vis de ça, c’est l’homme qui disparaît, c’est la femme qui raconte.

Et on a un double éloignement de la femme, puisqu’on a l’éloignement géographique, parce que si j’ai bien compris, c’est quand même très loin de… un peu dans l’espace, cet entraînement. Et aussi un éloignement, dans le même temps, de son humanité, avec une augmentation. Alors, pourquoi avoir voulu faire le double bash distance et humanité ?

J’avais écrit un livre qui s’appelait La nuit je vole, J’aime bien cette histoire de dons, qu’on puisse choisir des dons. Dans La nuit je vole, c’était l’histoire d’une femme qui se réveillait au sommet d’une montagne. Donc il y avait le pouvoir de voler, mais d’une façon pas du tout volontaire de sa part. Et dans ce livre-là, j’ai voulu mettre tous les autres dons que je n’avais pas traités. Dans la nuit je vole, donc le don de pouvoir retourner dans le passé, de lire dans les pensées, toutes ces choses-là, ça faisait partie du début du livre en fait. Il y avait deux choses, il y avait ça et puis il y avait le film Interstellar avec cette possibilité de revenir dans le passé pour sauver un être cher. Donc Interstellar c’était sa fille et là c’était son mari quoi. Et donc voilà, l’histoire des dons est apparue de façon évidente à ce moment-là.

Et on a un peu l’impression que cette expérimentation, parce qu’elle découvre presque le matin le nouveau don qui lui a été donné. C’est une inquiétude ce transhumanisme un peu forcé pour les populations ?

Ça arrive. J’ai entendu dire que c’était en train d’arriver. Ils sont en train d’imaginer des greffes dans le cerveau. Comme toujours, il y a du bon et du pour. Ça peut faire peur. Après ça peut être utilisé dans mon livre, elle l’utilise pour sauver, enfin je ne vais pas dire comment ça se passe, mais on peut l’utiliser aussi de façon positive, c’est ce que j’aime bien montrer, qu’il n’y a pas que du noir ni que du blanc.

Et pour celui qui reste sur terre, avec l’Etat, en tout cas avec la position. On se demande à quel moment ça va rompre avec sa femme qui est totalement dans le système alors que lui s’en éloigne.

En fait, la façon dont ça rompt, c’est un petit peu indépendant de leur volonté puisqu’on se rend compte. Moi, j’aime bien aussi imaginer ces mondes où tout est sous contrôle. Et puis finalement, il y a quelque chose qui va casser. On se rend compte que la technologie informatique, ça tient des fois à un fil. Et puis, il y a une attaque qui se passe mal, tout dérape. Et puis, c’est là qu’ils se rendent compte que c’est un peu ridicule. Parce que ces surhumains qu’on leur vend depuis des années sont très fragiles. C’est cette petite chose qui les fait basculer.

Et il subit aussi l’image publique ? Parce que finalement, il se retrouve à être… Il n’est plus propriétaire de sa vie ?

Ni l’un ni l’autre. Plus personne n’est propriétaire de sa vie, là-dedans, en fait. Ni sa femme, si elle accepte… Vu que là, elle est ultra militarisée, donc en fait, elle laisse son corps, fait des expérimentations sur son corps. Et lui non plus. Mais au début, c’est confortable. Il se laisse vivre, mais on peut se rendre compte qu’au bout d’un moment, on perd la liberté, quoi.

Y compris de parole, pour le coup.

Oui, bien sûr.

Dans la relation aux autres, il est obligé de filtrer.

Oui, tout à fait. Tout le monde est obligé de filtrer, de faire comme si de rien n’était, de s’inventer une vie, de s’inventer une famille, de paraître. On est dans le paraître.

Et du coup, aujourd’hui, donc quatre ou cinq, on disait, romans aux les forges. Quel est l’avenir ? Quelle est la suite de ce que tu veux écrire ?

En fait, là, je vais faire pareil. Je suis en train de finir. Ça sera la suite de Nous entrerons dans la lumière. En fait, Nous entrerons dans la lumière, c’était un livre un petit peu climatique, une fiction climatique. On appelle ça des noms très précis. C’était l’histoire d’un père et de sa fille. qui fuyaient à travers la France, ravagée par la canicule avec les guerres civiles, et puis qui se retrouvait à attendre un bateau pour une fuite compliquée. Et donc je vais raconter la suite. Donc il y aura deux livres pour la suite de Nous entrerons dans la lumière.

Là, je t’ai lu l’année dernière « Étonnant voyageur », aujourd’hui t’es à Angers, demain tu es à « Étonnant voyageur ». Qu’est-ce qui t’attire dans les salons ?

J’aime bien rencontrer les gens, c’est de voir d’autres auteurs, c’est de nouer des liens, je trouve ça agréable. Puis j’aime bien ces salons de l’imaginaire, c’est plus familial, c’est un peu cocon, moi je trouve ça sympathique.


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