Retrouvez l’actualité des littératures de l’imaginaire (Science-Fiction, Fantastique, Fantasy, et autre) ainsi que des interviews de celles et ceux qui les construisent.

Tout pour tout le monde de M.E. O’Brien & Eman Abdelhadi

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Lors de mon déplacement au festival Ouest-Hurlant, et en visitant la librairie de l’Astrolabe à Rennes, l’histoire et le format de ce roman m’ont interpellé comme de découvrir que le traducteur n’est autre que Camille Leboulanger, à qui l’on doit Eutopia ou encore Le Chien du Forgeron, les trois aux éditions Argyll.

Le monde a changé…

Quelques années dans notre futur, deux historiennes lancent un projet ayant pour objectif de collecter des témoignages pour une “histoire orale de la Commune de New-York”… Le monde a changé, et New-York n’a pas résisté à la vague qui a déferlé sur le monde, même si elle ne fut pas la première à avoir balayé la notion de capitalisme.

Pour faire simple, nos deux auteurices sont aussi les celleux qui ont décidé d’interviewer différent·es protagonistes de la transformation de la société. Le roman que vous avez entre les mains représente le résultat de ces entretiens, avec douze témoignages destinés à représenter la transformation d’une ville vers une structure plus juste et plus inclusive.

Après avoir présenté ce qui s’est passé, depuis la première opposition sur un marché jusqu’à la chute des systèmes classiques du capitalisme, M.E. et Eman vont nous permettre de découvrir au travers de l’histoire personnelle de leurs vis-à-vis et de leur implication dans la transformation de la ville, les causes et les conséquences de ce changement de mode de fonctionnement

… pour un récit atypique

Tout est pour tout le monde est un OVNI autant dans sa forme que dans son fond. Véritable description de ce que pourrait être une société permettant à tout­·e à chacun·e de se nourrir, de se loger et de soigner sans avoir l’épée de Damoclès du coût au-dessus de la tête, nous avons l’impression tout au long du récit d’avoir un vrai témoignage historique.

La première partie, celle qui nous planque un peu le décor m’a semblé un peu longue et il est important que vous arriviez à passer outre cette difficulté pour atteindre les douze interviews qui sont autant de pans de cette nouvelle civilisation qui vous est dévoilée.

Mais pour nous autres, aucune chance de nous en sortir. Et nos écoles Khara et nos profs khara le savaient aussi. Nous le savions toustes. Seulement, on devait faire semblant de croire qu’on s’en sortirait, on devait agir comme si c’était possible et comme si ça allait nous arriver. Mais c’était des conneries, et on le savait toustes. Alors, on attendait juste la fin de la comédie, pour pouvoir raccrocher nos costumes et retourner vivre nos vies khara.

khara : “De merde.”

Les vécus des interviewé·es sont pour beaucoup marqués par des rejets, rejets dus, entre autre, à la question du genre, omniprésente dans la narration. Mais ce n’est pas le seul élément qui revient fréquemment : celui de la famille et de la cellule familiale est centrale de plusieurs témoignages, avec cette volonté de proposer des alternatives au traditionnel couple “Papa / Maman”.

On notera que le texte insiste beaucoup sur la violence policière, donnant le sentiment plus que jamais que les new-yorkais·es ne sont pas serein·es sur l’attitude des représentant·es de l’ordre. En effet, les flics ressortent de l’histoire avec un portrait très sombre, s’étant liés aux oppresseurs plus que dans la défense des populations.

Santé, Education, Economie, Collectivisme, le texte est riche et bien écrit, entraînant, intellectuellement stimulant.

Une lecture qui ouvre l’esprit 🙂

Argyll (Avril 2024) – 301 pages – 22,90 € – 9782494665194
Traduction : Camille Leboulanger (Etats-Unis)
Couverture : Xavier Colette

À quoi peut ressembler une révolution au xxie siècle ?
Vingt ans après un bouleversement social mondial, deux historiennes interrogent les acteurs et actrices de ce changement. Du Bronx à la Chine continentale, du Midwest américain au Proche-Orient, douze voix abordent les années troubles, les moments d’espoir. Douze personnes ordinaires guidées par un seul principe : « Tout pour tout le monde ! »
Voici, à travers les mots de celles et ceux qui l’ont vécu, l’effondrement économique, les catastrophes climatiques, les révoltes populaires autant que la répression. Et puis, plus tard, le temps de la reconstruction et l’avènement de sociétés plus égalitaires, écologiques et coopératives.
Voici le récit d’un printemps qui vint reverdir le monde.


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